Face à l'ampleur d'un phénomène qui touche toutes les couches sociales, les gendarmes à Craon (Mayenne) ont pris l'initiative de faire de la prévention sur le cyberharcèlement auprès des collégiens du secteur, de septembre 2022 à janvier 2023.
Devant 37 élèves de 3e du collège Volney à Craon, jeudi 24 novembre 2022, le lieutenant de gendarmerie Cédric Chaki, et la gendarme de la Maison de protection des familles de la Mayenne, Morgane Foulon, ont sensibilisé les adolescents au (cyber)harcèlement.
Leur a été présenté un film où l’on voit une adolescente moquée dans la cour, menacée de mort par ses camarades, via les réseaux. Même son petit copain like la vidéo, qu’il trouve amusante. « Le harcèlement, c’est quoi ? » demande le lieutenant Cédric Chaki. Les langues ont du mal à se délier.
Un cycle infernal à stopper
La gendarme Morgane Foulon explique : « C’est une violence répétée, qui porte préjudice à une personne, pour son orientation sexuelle, son apparence physique… Il y a le ou les persécuteur(s), la victime et les spectateurs. »
Le harcèlement se traduit par des jeux dangereux sous contrainte, des dégradations de matériel, jets d’objets, bousculades, racket, vol, mise à l’écart, humiliations.
Le harcèlement se poursuit sur les réseaux sociaux, et devient cyberharcèlement, avec des publications de photos et partages, créations de groupes à l’encontre de quelqu’un, intimidations, sexting, rumeurs, etc. « Que risque la victime ? »
« Le suicide », répond une adolescente. La gendarme Morgane Foulon complète la liste : « Dépression, repli sur soi, insomnie, inappétence, décrochage scolaire, échappatoires comme l'alcool ou la drogue, etc. »
Pour que le harcèlement s’arrête, « il faut en parler à une personne de confiance ou composer le numéro 3020 », martèle la gendarme.
Les collégiens rivalisent : « Deux heures » « quatre » voire « neuf heures dans la journée ». Trop occupés, les jeunes ne font « pas [leurs] devoirs », « ne parlent pas avec [leurs] proches ».
Quelles sont les peines ?
L’énoncé des peines encourues a refroidi les esprits : « On peut être poursuivi au pénal, dès l’âge de 13 ans », explique le lieutenant Cédric Chaki. C'est deux ans de prison et 30 000 € pour proposition sexuelle, cinq ans de prison et 75 000 € pour chantage, trois à cinq ans et jusqu’à 75 000 € pour provocation au suicide.
« Les collégiens, dès la 6e, sont parfois méchants entre eux, les filles ne sont pas en reste. Ils disent faire rire la galerie », constate le lieutenant Cédric Ckaki.
« Les parents, souvent démunis, ouvrent des comptes à leurs enfants sans contrôle parental. Il faut mettre des limites de temps. »
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