Damien Leroux, 38 ans, et sa femme Jessica, 37 ans, sont boulangers-pâtissiers dans la rue de la Libération à Craon ( Maine-et-Loire). Ils entament leur dixième année d’activité mais ne l’achèveront pas. Leur décision est prise. Ils vont fermer.
« Le 18 novembre 2022, on a reçu l’estimation d’EDF pour 2023. La facture d’énergie grimpera à 41 000 €, contre 11 000 € en 2022 », résume Damien Leroux.
Damien et Jessica Leroux ont démarché un trader, qui leur a trouvé un forfait au même tarif chez « un autre fournisseur à quelque chose près, 39 300 € en 2023. Et on nous annonce 10 003 € en 2024, sans certitude. »
Eviter la galère
Damien et Jessica Leroux ne comptent pas la hausse du gaz ni celle de la matière première, qui va encore progresser après deux augmentations, cette année.
« La dernière en date, c’est septembre : + 3 % pour la farine, + 4 % pour la levure et le beurre. Il est hors de question que je facture la baguette à 8 € », s’exclame Damien Leroux.
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À cela, il faut ajouter les loyers. « Quand on est arrivés, on payait 1 000 €, maintenant 1 263 € », explique Damien Leroux. Le calcul est vite fait.
« Nous n’insistons pas, lâche Damien Leroux. Si nous continuons, nous nous mettrons dans la galère. » Le couple a cinq enfants. Il faut penser à l’avenir.
Damien Leroux a un CAP-BEP boulanger-pâtissier et Jessica, sa femme, un CAP vente. Originaires de La Mayenne, ils se sont installés en 2006, au Pas, avant de reprendre une affaire à Villevêque (Maine-et-Loire), en 2009.
Ils ont racheté la boulangerie à Craon en 2013, « elle était en liquidation depuis neuf mois ».
Damien et Jessica Leroux ont investi en renouvelant tout le matériel (four, etc.). Puis, les travaux rue de la Libération ont impacté l’activité. Mais ils ont tenu bon. Le commerce a pris de la valeur, « la clientèle ne nous a jamais lâchés ».
Le magasin a été rénové en 2021. Le couple espère vendre le fonds de commerce, en déduisant le coût énergétique.
« On va changer de vie »
« On aimerait bien que la boulangerie perdure, parce qu’elle marche bien. » Damien et Jessica Leroux caressent cet espoir, en ayant conscience d’être « parmi les premières victimes » de la crise énergétique. « On ne sera pas les derniers sur la liste. »
Jusqu’au 31 décembre 2022, ils vont faire attention à « gérer les stocks sans jeter. Pour les fêtes de Noël, cela va être compliqué. Les clients compatissent ; ils comprennent bien. »
Pour Damien et Jessica Leroux, la page est tournée. La boulangerie ferme. « On change de métier et de vie. On va se relever. »
Le boulanger-pâtissier s’oriente vers une profession dans le bien-être, un secteur en pleine expansion. Sa femme va consacrer son temps aux enfants.
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