Sous l'impulsion de l'Observatoire de la Maroquinerie, une visite de l'entreprise Longchamp à Segré (Maine-et-Loire) s'est déroulée jeudi 22 juin. "Cet observatoire a pour objectif de faire comprendre aux parlementaires les besoins et les spécificités de la maroquinerie", explique Edgard Schaffauser, président exécutif de la Fédération française de la maroquinerie.
Après une vingtaine de députés et parlementaires la matinée, les journalistes ont pu visiter le siège industriel de la marque et les six ateliers qui le composent afin d'y voir les évolutions.
Dans le but d'apporter plus de transparence au niveau environnemental et social, l'entreprise demande désormais à ses fournisseurs d'avoir la certification Leather Working Group (LWG). "La certification prédominante dans le secteur du cuir", indique - Charlie Creteur
La méthode AFEST
Parmi elles, la formation, répondant dans le même temps à une politique de grand recrutement dont l'objectif est fixé à 450 personnes en 2023, dont 200 sur les sites en France. "On a eu à une époque trois écoles de formation", explique David Burgel, directeur industriel. "Aujourd'hui, on travaille de manière différente en mettant en place un système qui s'appelle l'AFEST (Action de formation en situation de travail). Un système de tutorat qui se fait directement dans les ateliers, avec des tuteurs désignés qui forment leurs tutorés." En trois mois, les personnes sont opérationnelles sur les tâches les plus simples et au bout d'une année, les tâches complexes s'y ajoutent.
Cette méthode favorisant la transmission peut permettre d'une part de compenser les départs en retraite (entre 30 et 80 par an en France) et d'autre part, de réduire un certain turnover, en lien avec de nouvelles exigences.
"Pendant très longtemps, on a été habitué à un turnover de 0", modère Jean Cassegrain, le PDG. "Aujourd'hui cela change car il y a une évolution sociétale, mais il est minime. On recrute beaucoup de personnes en reconversion." Parmi elles, des anciennes infirmières, esthéticiennes, fleuristes, voire chauffeuses de camion.
Le site de Segré dispose d'un secteur coupe au sein duquel il réceptionne toutes les peaux destinées à la fabrication de produits sur place. Chaque site coupe ses propres peaux. "Elles viennent principalement d'Italie, un peu de Hollande, d'Amérique - Charlie Creteur
Pour la polyvalence des maroquinières
Pour instaurer une certaine polyvalence dans ses ateliers, le site de Segré a lancé des ateliers pilotes il y a un an, synonyme de réorganisation. Cela permet d'impliquer un peu plus ses salariés au travail. "On est en train de créer un nouveau mode de fabrication dans lequel on permet à la maroquinière de passer sur toutes les étapes du sac et de faire quasiment son intégralité", poursuit David Burgel.
Encore en cours de déploiement, cette polyvalence est présente à 40 % sur les sites français avec pour but d'atteindre les 80 d'ici la fin de l'année. Le bien-être des maroquinières (98 % de femmes dans les ateliers), soumises à des troubles musculosquelettiques (TMS), est au cœur du projet.
"On a une assistante sociale qui est là depuis cinq ans et qui rencontre, chaque semaine, les maroquinières de tous nos sites." Ajoutons à cela un passage à une semaine de quatre jours et demi (36 h).
Sylvain Charretier, directeur assurance qualité, SAV et environnement Lonchamp montrant l'une des machines testant la résistance des sacs. Ici, un robot collaborateur faisant plein de mouvements. Dans le service SAV (le seul en France) à proximité, d - Charlie Creteur
Une empreinte carbone et énergétique réduite
Côté environnement, la marque créée en 1948 a pris quelques initiatives. "Au cours des trois dernières années, on a passé l'ensemble de nos sacs en toile, bagages, et doublures textiles des sacs en cuir en fibres recyclées", reprend le PDG. Ce changement pour les sacs Pliage a eu pour effet une baisse de 20 % de l'impact carbone de chaque sac.
Autre initiative, toutes les façades du site de production de Segré ont été refaites afin d'améliorer l'isolation, la clarté dans les ateliers. "Entre ça et le passage de tous les ateliers au Led, on a baissé de 20 % la consommation d'énergie de ce site." La société s'apprête également à investir dans la création d'ombrières photovoltaïques sur les parkings du site pour 2024.
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