À la fin des années 1980, un projet d'enfouissement des déchets nucléaires sur les terres de La Gibaudière au Bourg-d'Iré avait défrayé la chronique.
Conduit par l'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), le projet s'était heurté à une très grosse mobilisation de la population du Bourg-d'Iré, vite rejointe par des centaines de personnes provenant d'autres communes.
Sur le site barricadé de La Gibaudière, des affrontements avaient eu lieu avec les CRS dépêchés sur place.
Une manifestation à Angers a même regroupé des milliers de personnes avant que le ministre Michel Rocard mette fin au projet.
Dans un jardin
Sur le site de La Gibaudière, pour mobiliser les opposants le plus rapidement possible, les manifestants avaient un outil. Si le téléphone a fonctionné, l'antenne de René Guitton a eu son efficacité.
Forgeron à Loiré, il l'avait construite avec l'aide de ses deux enfants. D'une hauteur de 40 mètres, elle était installée dans son jardin à Candé, en centre-ville.
« Je ne me souviens plus de la quantité de postes CB que j'ai pu vendre à cette époque », confie René Guitton. Il pouvait mobiliser en quelques minutes des dizaines d'opposants qui devaient se rendre sur le site.
Beaucoup d'élus avaient pris part aux manifestations.
« Une entreprise d'Angers a tout monté sans grue, avec une selle de vélo », s'étonne encore René Guitton.
Elle a nécessité 1,8 km de filin en inox pour assurer son arrimage. « J'avais obtenu le permis de construire. René Lefranc était alors maire de Candé. »
Placé sur écoute
À l'époque des manifestations, les relations avec les forces de l'ordre étaient tendues. « Je me déplaçais avec un ancien fourgon de la gendarmerie. Proche du site de La Gibaudière, on a été pris pour cible par les opposants. On nous a pris pour des gendarmes. »
Il se souvient aussi qu'avec Roland Guémas, les gendarmes les avaient arrêtés et immobilisés durant pas mal de temps, un revolver sur la tempe.
« De la paille et des barres à mine dans le fourgon, ça éveille les soupçons. J'ai été longtemps sur écoute. Les gendarmes me cherchaient la petite bête », se souvient René Guitton.
Avec le démontage de son antenne, c'est un vestige de l'histoire locale qui a quitté son jardin.
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