À Marans, près de Segré, le propriétaire du château du Patys, Jean-Christophe Garnier, sait désormais d'où vient la faïence au-dessus de la cheminée. Celle-ci a été fabriquée au 19e siècle. « La seule indication qu'on avait c'était la date en chiffres romains, 1870, sur un carreau de faïence. » Mais pas plus d'éléments concernant la provenance de ces carreaux.
De Malicorne ou de Gien ?
Les questions des visiteurs ont aiguillé les recherches de Jean-Christophe Garnier.
« J'expliquais que j'ignorais d'où ça provenait et il y a des personnes qui connaissent bien la faïencerie de Malicorne, dans la Sarthe. Et ils me disaient ça, c'est de la faïence de Malicorne, et d'autres personnes ça, c'est de la faïence de Gien, dans le Loiret, parce qu'il y a exactement le même modèle. »
En réalité, ils ne viennent ni de Gien ni de Malicorne.
« Je suis entré en contact avec la responsable du musée de la faïence de Malicorne et un autre faïencier de Malicorne. Ils m'ont dit que c'était le même modèle mais les dates ne correspondent pas. La fabrication de ce modèle a commencé en 1878. En 1872, la faïence de Gien va reproduire ce même motif. Or, là c'est 1870. »
Un poinçon HD
Jean-Christophe Garnier n'en est pas resté là.
« À l'occasion du grand ménage de printemps, j'ai descellé l'un des carreaux, qui était déjà fendu. Au dos de celui-ci, j'ai trouvé un poinçon avec les initiales H et D, en empreintes. »
Encore fallait-il savoir qui était ce HD. « J'ai cherché sur Internet. Il y a des tas de marques de faïences mais j'ai fini par trouver. HD signifie Henri Delange. »
Et de le présenter : « C'est un antiquaire parisien du 19e siècle, spécialiste de la faïence italienne de la Renaissance. Il va éditer un recueil et recenser les différentes espèces de cette époque-là. Il a comme clients des châtelains un peu partout en France, qui vont lui dire : "Moi, je voudrais bien les mêmes carreaux que ceux qui sont recensés et qui proviennent du palais Petrucci, à Sienne" », résume Jean-Christophe Garnier.
Des reproductions
C'est ainsi que seront produits les carreaux du château où vivait Hervé Bazin durant son enfance.
« Henri Delange va faire fabriquer spécialement pour ses clients des reproductions de ces carreaux de la Renaissance en 1869 et 1870, à Naples, par les frères Mosca. »
Et de faire le lien avec l'histoire familiale : « Hervé Bazin attribue dans des interviews cette cheminée à Nicolas Bazin, le père de son arrière-grand-père, qui était artiste-peintre. Celui-ci était allé à Paris pour prendre des cours de peinture, donc ce n'est pas étonnant qu'il ait peut-être été en relation avec Henri Delange. »
C'est en tout cas l'hypothèse que fait Jean-Christophe Garnier, alors que ses recherches lui ont fait découvrir d'autres carreaux identiques. « À côté de Giverny, il y a la maison d'un peintre dont l'âtre de la cheminée en est habillé. Pour l'anecdote, il y en a aussi au Metropolitan museum à New York, dont ils ne connaissent pas l'attribution parce que le poinçon HD est difficilement lisible. Au musée du Louvre, ils ont les originaux du palais Petrucci et le modèle Henri Delange », relate Jean-Christophe Garnier, qui continue de faire des découvertes sur la famille Bazin.
Pratique : Visites guidées à 14 h les vendredis, samedis, dimanches et jours fériés de Pâques à La Toussaint.
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.