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La Selle-Craonnaise. Le destin extraordinaire d'Eugène Guinebault, qui a combattu avec Léon Gautier

Actualités. Vendredi 7 juillet, a eu lieu l'hommage national à Léon Gautier, le dernier Béret vert. Impossible de ne pas faire le lien avec l'un de ses camarades du Débarquement : Eugène Guinebault, de La Selle-raonnaise.

La Selle-Craonnaise. Le destin extraordinaire d'Eugène Guinebault, qui a combattu avec Léon Gautier
Eugène Guinebault (au centre) au camp d'entraînement à Achnacarry, en Écosse en 1944 (photo JP Helias Musée des fusiliers marins). - JP Helias Musée des fusiliers marins

L'hommage national à Léon Gautier a eu lieu vendredi 7 juillet, sur la plage sur laquelle il débarqua le 6 juin 1944 (Sword Beach), avec les 176 autres Bérets verts du commando Kieffer. Il s'agissait de Français, les seuls à avoir participé au Débarquement. Parmi les camarades de Léon Gautier, qui s'est éteint à 100 ans, il y avait un certain Eugène Guinebault. Un soldat oublié, même de sa propre commune d'origine (La Selle-Craonnaise), qui a pourtant eu un destin extraordinaire.

Volontaire pour les commandos

L'histoire de ce Sellois est ressortie grâce à un courrier d'un professeur d'une école en Angleterre, qui a envoyé à la commune de La Selle-Craonnaise un article du Daily Telegraph de 2012. Cet article évoquait l'histoire d'Eugène Guinebault. Ce professeur voulait davantage d'informations. Or, à La Selle-Craonnaise, personne ne connaissait Eugène, qui avait été totalement oublié.

Il était pourtant né à La Selle-Craonnaise le 31 mai 1923, a fait ses études dans la commune. À La Selle-Craonnaise, la mère d'Eugène Guinebault était épicière.

Eugène s'engage ensuite en 1941 dans la Marine nationale, dans le premier bataillon des fusiliers marins. Il était matelot canonnier puis fusilier.

Quand la flotte française est détruite, il passe par le sud de la France puis l'Espagne, où il embarque en 1943 sur le Richelieu, pour New York.

Il écrit alors à de Gaulle et se porte volontaire pour intégrer les camps d'entraînement des commandos à Achnacarry, en Écosse. Ils étaient menés par Kieffer.

"Partis faire notre travail"

Le 6 août 1944, à 7 h 55, les 177 Français du Débarquement posent le pied sur la plage au nom de code Sword Beach.

Eugène expliquait au journaliste du Daily Telegraph avoir été "très malade" sur cette barge.

Les objectifs du commando étaient de passer les lignes ennemies, prendre le casino de Ouistreham (transformé en bunker) et rejoindre les parachutistes anglais au Pont Pégase (des combats immortalisés dans une scène culte du film Le Jour le plus long).

"Avant de nous lancer sur les plages, on a bu un peu de calvados et du cognac pour nous fortifier, et ensuite nous sommes partis faire notre travail."

Eugène portait un mortier, mais son camarade qui avait les obus se noie. Il dut utiliser ceux d'un soldat allemand mort. Eugène, blessé au bras, est transporté sur un brancard par des soldats allemands capturés. Mais un avion allemand les mitraille. Les prisonniers s'enfuient. Eugène est de nouveau touché par des éclats d'obus. Évacué, il échappera de peu à une amputation du bras. Eugène Guinebault a reçu la croix de guerre et a été nommé chevalier de la Légion d'honneur en 2004.

"J'espère que mon village sera fier"

Eugène Guinebault s'est marié en 1945 avec Joan Smith. Ils ont eu trois enfants. À la fin de la guerre, Eugène se lance dans la restauration. Il devient maître d'hôtel au Savoy, à Londres, où il servit des membres de la famille royale et... Winston Churchill ! En 1980, il ouvre un restaurant à Bexhill on Sea, là où étaient stationnés les commandos avant le Débarquement. Il vivra ensuite à l'est de Londres, puis à la retraite il ira à Leigh on Sea.

Eugène est mort à 89 ans, le 6 septembre 2012. Eugène Guinebault a été malheureusement oublié dans sa propre commune.

Il ne figurait sur aucune stèle commémorative dédiée aux anciens combattants.

Cet oubli a été réparé en 2018 lors d'une cérémonie, lors de laquelle ses trois enfants étaient présents, à La Selle-Craonnaise.

Un square porte désormais son nom.

Eugène avait indiqué, en 2004, à la réception de sa Légion d'honneur : "J'espère que mon village entendra parler de moi et qu'il sera fier de moi."

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